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Des religieuses spécialisées en cosmétique !

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Ce projet présenté lors des 1ères victoires de l’écologie intégrale est “le coup de cœur” des collaborateurs du Cèdre. Au-delà de l’originalité de la structure qui présente ce projet, nous souhaitons que la démarche de ces sœurs puisse nous donner des idées. Osons un benchmarking décalé !

Nous sommes une jeune communauté de moniales cisterciennes. Notre petit monastère de Rieunette est niché dans les Corbières au fin fond de la forêt. La nature environnante est riche et splendide. Dès notre arrivée en 1998, nous avons eu à cœur de nous adapter à cet environnement et d’en respecter la pureté. Aidées par des amis compétents, nous avons progressivement adopté un mode de culture bio sans engrais ni pesticides pour notre jardin potager ou aromatique…

Nous recherchions une activité économique pour vivre. Une rencontre providentielle avec un jeune couple passionné d’aromathérapie nous a conduites à démarrer avec eux l’entreprise Couleur Ciel et son laboratoire de produits aromatiques à base d’HE. Cette activité peut paraître de prime abord surprenante pour des religieuses, puisque nous nous sommes spécialisées en cosmétique ; surprenant peut-être mais en phase alors avec les enseignements de Jean-Paul II sur le corps et aujourd’hui avec l’encyclique « Laudato si » du pape François. D’autre part la culture et l’utilisation des « simples » font partie de la longue tradition monastique.

En quoi le projet prend soin de l’environnement et des personnes ?

Nous avons fait le choix d’une gamme de produits issus de l’agriculture biologique donc respectueuse de l’environnement. Toutes les matières premières sont fournies par des producteurs sélectionnés avec soin, à la fois pour la qualité et pour l’éthique de leur démarche, particulièrement dans les pays défavorisés ; et cela d’après le cahier des charges que nous nous sommes fixées. Nous offrons aux utilisateurs des produits de qualité, bénéfiques pour la santé, simples et faciles d’utilisation.

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Quels changements constatés concrètement depuis le lancement du projet ?

Le développement de l’activité autour des produits aromatiques bio nous a définitivement confirmées dans notre désir de cultiver en bio notre jardin (légumes et fruits), et ce n’était pas une évidence pour toutes en arrivant sur le site il y a plus de 15 ans. En parallèle, nous sommes plus attentives au choix des produits d’entretien, aliments etc… pour la communauté et cela touche aussi au chauffage, à l’eau (de source), au recyclage des déchets…

D’un point de vue plus théorique, nous prenons de plus en plus conscience de la cohérence globale de cette démarche, depuis le respect de la terre que nous cultivons  jusqu’au soin de la « terre sacrée » qu’est chaque personne.

Par ailleurs, le déploiement de cette activité nous a permis de rencontrer des personnes sensibles à l’écologie sans forcément connaître les monastères. Ces rencontres sont très enrichissantes. Nous nous rejoignons sur une même volonté d’ attention au « vivant » et de recherche de sens. Et il n’est pas rare que certains soient interpellés par le message de l’Evangile.

Avec la création de l’entreprise « Couleur Ciel », nous avons aussi appris le grand bénéfice humain et la complémentarité d’une collaboration professionnelle entre laïcs et religieux.

Comme l’objectif de ces articles est aussi de nous donner envie de nous lancer, nous avons posé trois questions concrètes aux porteurs de projets pour aider, éclairer, rassurer les candidats à la conversion écologique :

>  Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? et comment les avez-vous surmontées ?

Tout d’abord l’exigence des normes, de la législation, de la formation, des financements pour monter le laboratoire (dans un garage !). Cela nous a pris 2 ans. Délai nécessaire pour s’assurer que le projet commencé avec de touts petits moyens avait de l’avenir et méritait ces investissements.

Il y a eu aussi des difficultés notamment en ce qui concerne le regard porté sur la nouveauté de cette forme de collaboration professionnelle de moniales avec des laïcs.

Le choix du bio n’a pas été évident non plus dans la communauté : trop de passion d’un côté, un peu d’étonnement, voire d’ironie de l’autre.

L’orientation cosmétique de nos produits a paru choquant à certains.

Toutes ces questions nous ont permis d’approfondir les valeurs humaines et chrétiennes liées à cette activité et de lui donner tout son sens.

Et aujourd’hui, avec le temps, toutes reconnaissent le bien-fondé de ces choix.

>  Avez-vous un conseil pour ceux qui veulent se lancer ?

Avancer progressivement, en commençant… par le début ! Ne pas prendre un cahier des charges en cherchant à cocher toutes les cases mais prendre le temps de voir la route s’ouvrir.

Y aller dans la joie ! Ne pas imposer cette démarche mais entrer dans une dynamique, un chemin.

>  Dans cette démarche de quoi êtes-vous le plus fier ?

Nous sommes fières d’avoir osé ! Fières de ce que donne ce projet et heureuses des amitiés et relations qui lui sont liées.

Cette démarche s’intègre parfaitement à notre vie monastique dans sa recherche d’unification. Elle nous met au cœur de l’impulsion donnée par l’encyclique Laudato si. Cette activité est aussi l’occasion de s’émerveiller toujours devant la création et par là même de louer le Créateur, de Le faire connaître et aimer, et parfois de corriger les apriori sur l’Eglise en ce qui concerne le rapport au corps. Elle est une présence chrétienne dans un monde en quête de sens, une « évangélisation aromatique ».