Au sein d’un établissement médico-social, une phrase revient souvent… “externalisation, ou pas externalisation ? Telle est la question…”.
Cette interrogation se pose généralement au sujet de la gestion du linge, mais pas uniquement : la restauration ou encore le ménage sont aussi des sujets d’attention. Un gestionnaire ne peut prendre la décision d’externaliser ou non qu’après une sérieuse réflexion.
Voici quelques éléments pour vous aider à faire le bon choix !
Un sujet sensible…
Bien sûr, la buanderie n’échappe pas à ce gros sujet de préoccupation, et la question se pose d’autant plus que la réglementation récente ne facilite pas les choses !
En effet, le décret n°2005-1868 du 30 décembre 2015, relatif à la liste des prestations minimales délivrées par les EHPAD (entré en vigueur le 1er juillet 2016), précise que les établissements doivent désormais prévoir la “fourniture et pose du linge plat et du linge de toilette, son renouvellement et son entretien”, ce qui était d’ailleurs le cas jusqu’à présent dans la majeure partie des établissements.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour les résidents ! En effet, concernant la prestation blanchissage, ce texte peut avoir de lourdes conséquences pour les résidents et leurs familles, tout simplement parce que le linge des résidents n’est pas inclus ! Ainsi, les établissements ont tous les droits pour l’ajouter aux frais facturés et donc, en fonction des établissements, les choses peuvent être totalement différentes ! Effectivement, si l’on voit que, dans les secteurs public et associatif, le traitement du linge des résidents est généralement inclus au forfait hébergement, on remarque aussi que les établissements privés facturent cette prestation en plus. Conséquence : les frais pour le résident ou sa famille augmentent considérablement. Bien sûr, les familles pourront décider de gérer elles-mêmes le nettoyage du linge de leur parent, mais cela risque alors également d’amputer grandement la charge de travail et les revenus de l’établissement… Comment un directeur pourra-t-il réagir face à cette situation ? Continuer à entretenir du matériel et des locaux, et à payer du personnel ? Faut-il externaliser cette prestation ?
… et un sujet qui fait vibrer la corde sensible !
Avant de se lancer et de prendre une décision hâtive, identifions clairement toutes les conséquences qu’un tel choix implique ! Il est vrai que les deux facteurs les plus évidents (financier et humain) sont souvent pris en compte, sans avoir besoin de le rappeler, par “facteur humain”, j’entends la gestion des personnes travaillant au sein de l’établissement. C’est souvent l’un de ces facteurs qui est la cause d’une réflexion sur une potentielle externalisation de service.
Mais, malheureusement, on oublie souvent l’enjeu majeur d’un établissement médico-social : la RELATION.
En tant que réel lieu de vie, force est de constater que tout le travail et toutes les activités liées à l’établissement (restauration, buanderie, ménage,…) participent au bien-être de chaque résident, et qu’une réelle relation existe (et j’irais même jusqu’à dire qu’elle doit exister…) entre les résidents et le personnel. Ce point est d’autant plus important qu’il y a une réelle pauvreté liée à la vieillesse et au handicap. On oublie trop vite la valeur de la présence humaine au sein d’un tel établissement, au profit de l’externalisation des prestations. Ainsi, externaliser certaines missions risque de nuire aux relations humaines de ces lieux de vie.
Imaginez un instant que l’un de vos résidents vient vous voir et vous dit qu’il se sent inutile, et qu’il ne sait pas quoi faire… N’auriez-vous pas alors la volonté de proposer aux résidents (qui le souhaitent, bien entendu) de s’occuper de leur linge, de plier les serviettes, … bref “comme chez eux” ! Et ainsi, une solution gagnant-gagnant peut se mettre en place : une belle animation qui permet aux résidents qui en ressentent le besoin d’être utiles au sein de leur lieu de vie !
Malheureusement, il n’y a pas de réponse toute faite, ni de solution parfaite… Et cette question du linge des résidents risque de devenir de plus en plus sensible. Aussi, est-il nécessaire de bien réfléchir en amont à toutes les conséquences d’un tel choix.